Compte rendu de lecture (2)
LA PRATIQUE DE L'ASTROLOGIE
de Dane Rudhyar
Librairie Médicis, 1981
Cet ouvrage n’est pas un « manuel pratique » d’astrologie, où seraient exposés les techniques et outils nécessaires à l’astrologue, mais plutôt la présentation d’un cadre et d’un état d’esprit nécessaires à la pratique de l’astrologie.
Pour Rudhyar, en effet, la pratique de l’astrologie est moins une question de connaissances que de sagesse, la sagesse étant fondée sur un savoir pratique et sur son usage réfléchi.
Pour Rudhyar, l’astrologie est une méthode de compréhension profonde et « holistique » de tout état individuel qui peut conduire à la sagesse et à l’équilibre des forces psychiques.
« Le vrai but de l’astrologie n’est pas de dire la bonne aventure, c’est de transformer le chaos apparent des évènements existentiels et des changements intérieurs en un ordre supra existentiel en référant tout ce qui arrive aux mouvements réguliers des astres. »
L’ouvrage s’organise en 13 chapitres, qui sont autant d’étapes sur le chemin de la sagesse astrologique
La Première étape vise à faire saisir au futur astrologue la nature et la finalité de ce qu’il se propose d’étudier.
« Le sujet principal de l’astrologie, c’est la personne humaine considérée comme un organisme intégral incluant des activités physiques, psychiques, intellectuelles, sociales et spirituelles de nature différente et s’exprimant à de multiples niveaux ».
« Elle est l’étude du parallélisme que l’on peut observer entre le déroulement des évènements au sein de l’univers et dans la conscience de l’homme ».
« L’astrologie a pour fin essentielle d’ordonner le chaos apparent de l’expérience humaine, et d’aider ainsi l’individu et le groupe à parvenir à un degré plus avancé d’intégration, de santé physique et morale.
« L’astrologie ne prédit pas des « évènements » mais seulement des phases intervenant dans le développement d’une personne.
Pour la seconde étape Rudyar insiste sur la responsabilité personnelle de l’astrologue dans l’usage qu’il fait de son savoir.
Le pouvoir qu’il détient, par sa connaissance, peut être constructif ou destructeur.
Il doit se demander si les informations qu’il va délivrer peuvent être assimilées par le consultant. Il doit donc trouver le juste positionnement entre révéler des informations si cela peut guérir et conduire à l’intégrité, ou savoir se taire si le consultant n’est pas prêt à l’entendre.
La troisième étape pourrait paraître plus technique car elle présente les moyens d’ obtenir les données qui serviront de base à l’ interprétation.
Elle tend surtout à expliquer à l’astrologue la nature des outils qu’il va utiliser, de manière à ce qu’il ne procède pas de façon mécanique mais en comprenant leur sens.
Quand on a monté le thème, on ne doit pas se contenter de l’analyser, il faut le ressentir. Pour l’astrologue expérimenté, un thème de naissance doit « évoquer » la personne vivante. Le thème doit parler à l’imagination autant qu’à l’intellect. Il doit devenir vivant.
Rudhyar présente ensuite quelques techniques pour faciliter la lecture du thème et son interprétation :
- Faire ressortir les aspects par des couleurs appropriées.
- Déterminer le « poids » de chaque astre, en fonction des dignités et des maitrises et chercher à déceler toute espèce d’accentuation
- Considérer une à une les maisons du thème ainsi que leur contenu zodiacal et planétaire. Chercher à « ressentir » le rôle de chaque planète à la place précise où elle se trouve.
- Noter les « positions progressées » des planètes au moment de l’étude, à l’extérieur de la carte du ciel de naissance. Noter de même à l’extérieur du cercle des « progressions » les positions planétaires au moment de l’étude.
Il est important en effet de resituer l’étude du thème dans le moment précis car ça peut apporter une information sur la nature de l’aide dont la personne a besoin (ce n’est peut-être pas ce qu’elle attendait).
- Essayer de s’aboucher avec la plus grande sympathie et la plus profonde compréhension possible à tout ce que représente le thème, dans un état d’esprit d’ouverture positive
« Faites face au thème en ressentant votre responsabilité pleine et entière, dans une attitude comparable à la prière, en quête du guide intérieur et de l’octroi de la sagesse. »
La quatrième étape revient au sens des outils et au sens des signes du Zodiaque et des Maisons.
Il rappelle un principe qui lui est cher, celui de l’antériorité du tout sur les parties du tout, et donc le fait que les signes, les maisons, mais aussi les planètes ne peuvent être étudiés isolément mais en référence au tout auquel ils appartiennent.
Cette idée est aussi très présente dans son ouvrage « Le rythme du zodiaque » à propos des signes. Il en va donc de même pour les maisons et les planètes.
Pour lui, la signification d’une maison peut être déterminée par sa place par rapport aux autres. De même celle de chaque planète est liée à sa place dans la suite planétaire qui s’étend de part et d’autre de l’orbite terrestre.
Ce qui est primordial, c’est le système solaire dans son ensemble.
Rudhyar fait ensuite une mise au point sur l’amalgame qui est fait parfois entre maisons et signes.
On sait que les astrologues ont dégagé des caractéristiques et des significations analogues aux 12 signes et aux 12 maisons (ex bélier/ maison 1, cancer/maison 4…)
Mais il faut être bien conscient qu’il ne s’agit pas de la même chose : l’espace en relation avec le zodiaque est d’une autre nature que celui délimité par les maisons.
Chaque signe représente une phase d’activité solaire, une libération d’énergie.
Les maisons représentent les types d’expériences qu’un être humain rencontre.
La cinquième étape est consacrée aux « Luminaires », en insistant toujours sur le sens de ce qu’ils représentent, mais aussi sur la façon dont ils conjuguent leur action : c’est encore l’idée du tout.
Le rayonnement solaire est une possibilité de vie, mais pour que la vie se manifeste, il est nécessaire que son rayonnement se conjugue à d’autres éléments.
Si le Soleil représente le principe animateur et fécondant, la Lune représente le pôle récepteur et générateur. La principale fonction de la Lune est d’entrer en contact avec le chaud, élément solaire, et de l’utiliser conjointement à l’humide, élément lunaire. La vie organique dépend de l’interaction polaire entre ces deux éléments.
« Le cycle de la lunaison est la mesure du flux et du reflux polaire de la chaleur solaire au sein de l’ « humide » lunaire ».
« le Soleil fournit l’impulsion vibratoire originelle, le rythme fécondant, ou « ton ». (…/…)Il incombe à la Lune de recevoir le pouvoir fécondant du Soleil lors de la Nouvelle Lune et, durant sa phase croissante, de créer les instruments et les organes aptes à recevoir et à retenir l’impulsion du Soleil.(…/…)
Cette réception a lieu symboliquement à la Pleine Lune, lorsque le disque lunaire réfléchit parfaitement celui du soleil . Par la suite (…/…) la lumière lunaire est symboliquement absorbée par les créatures terrestres; la réalisation (…/…) de l’intention solaire devient partie intégrante des hommes et des esprits qui la reçoivent à la Pleine Lune. Ils l’assimilent sous forme de concepts et de pensées ; ils en extraient le sens qui finalement est formulé par des mots et des symboles. ».
J’ai bien aimé cette phrase : « La Lune est la servante de la terre par le fait qu’elle procure aux créatures terrestres les structures organiques dont elles ont besoin pour pouvoir assimiler la lumière solaire . Et le Soleil lui-même prend son sens par le fait qu’il dégage de l’énergie pour le bien de la terre. »
Ainsi, la terre est la base de l’activité soli-lunaire, et cette base est représentée dans le thème natal par l’horizon reliant Ascendant et Descendant.
De ce fait, la position du Soleil et de la Lune par rapport à l’horizon est très importante, il existe 4 combinaisons possibles qui donnent des informations sur les buts de la personne:
1° Soleil au dessus de l’horizon, Lune au-dessous. La personne tend à donner une forme individuelle à un but social ou à un idéal collectif.
2° Soleil sous l’horizon et Lune au dessus : la personne a pour but de donner une expression sociale et collective à une volonté ou à des buts individuels.
3° Soleil et Lune au dessus de l’horizon : l’existence est centrée sur le monde extérieur
4° Soleil et Lune en dessous de l’horizon : l’existence est vécue à partir du plan subjectif en vue tout d’abord d’accomplir la volonté et les buts du Moi.
La sixième étape présente le système planétaire dans son ensemble, toujours dans la logique de la prise en compte du tout par rapport au particulier.
Après avoir montré comment la lune combinait son action à celle du soleil, il explique que l’impulsion donnée par le soleil va être conditionnée par l’état du système solaire dans son ensemble et que chaque planète va jouer son rôle selon la place qu’elle occupe dans le système solaire.
- dans ou en dehors de l’orbite terrestre, ou encore au sein des deux séquences opposées par rapport à la terre : Mars et Vénus, Jupiter et Mercure.
Il différencie bien sûr les planètes comprises à l’intérieur de l’orbite de Saturne, qu’il appelle planètes de la vie organique ou planètes du conscient, et les planètes transsaturniennes qui sont pour lui des « planètes d’activité transcendante ».
Les « planètes de la vie organique » sont polarisées par le Soleil. Les planètes d’activité transcendante, jouent le rôle de lien entre le monde solaire et la sphère cosmique des « Etoiles fixes ».
Il montre que les 6 « planètes solaires » constituent un ensemble par lequel agit en permanence le courant de l’activité solaire dans un mouvement de flux et de reflux que Rudhyar compare à la circulation sanguine.
Les planètes d’activité transcendante sont rattachées au système solaire plus qu’elles ne lui appartiennent. Elles sont là pour montrer la voie à quiconque cherche à s’élever au-delà de l’attraction du courant solaire. Elles définissent la nature du « chemin » pour aller vers le divin : on voit bien le symbolisme de l’infini. Ce sont les planètes des métamorphoses
Uranus ouvre le chemin qui conduit au travers des limites saturniennes en étant l’inspirateur de la révolte.
Neptune dissout tout sentiment personnel et oblige le particulier à se fondre dans l’universel.
Pluton élabore un nouveau modèle d’intégration, pulvérisant les structures du passé.
On y reviendra avec les transits de ces planètes.
Dans la septième étape Rudhyar évoque la « forme » du thème et ce qu’il appelle « l’accentuation ». La forme correspond à la configuration des planètes dans l’ensemble du thème, leur distribution, l’isolement éventuel de l’une.
Pour ce qui est de l’ « accentuation », c’est toute valorisation d’un signe ou d’une maison du fait de la présence de plusieurs planètes, ainsi que les maitrises et exaltations. Il y ajoute les rapports que les planètes entretiennent entre elles.
Dans la huitième étape il insiste sur l’idée de dynamique, dynamique des cycles, déjà évoquée dans « Le rythme du zodiaque », mais aussi celle des aspects planétaires. Il différencie les aspects croissants et les aspects décroissants. Ensuite, il réfute les qualificatifs de « bons » ou mauvais » donnés aux aspects dans l’astrologie traditionnelle.
La neuvième étape aborde l’aspect prédictif de l’astrologie et revient sur la responsabilité de l’astrologue.
Les transits et les progressions se rapportent à la réalisation progressive de l’être, alors que le thème natal renvoie au caractère abstrait de l’être.
La responsabilité de l’astrologue est différente quand il s’agit de l’interprétation du thème et de la prédiction, effectuée à partir des progressions et des transits.
Quand il s’agit de prédictions, la personne n’a aucun recours devant l’impact des révélations et n’est pas protégée contre leurs effets négatifs éventuels. La mémoire subconsciente ne les oubliera pas.
Ainsi, l’objectif n’est pas d’annoncer ce qui va probablement arriver mais d’ aider autrui à prendre pleinement conscience de ce qui lui arrive ou lui est déjà arrivé.
Il fait une distinction entre progressions et transits :
Les progressions, en théorie, ont trait à la façon dont nous vibrons en résonance aux différentes fréquences d’expérience et créons ainsi nos opportunités créatrices.
Les transits, quant à eux, concernent surtout l’impact qu’exerce le monde extérieur en nous.
Ces deux types de facteurs sont cependant constamment solidaires. De plus, nous devons aussi tenir compte dans nos interprétations des possibilités liées à l’âge des individus.
La dixième étape présente les transits et les cycles planétaires.
Un transit est la manifestation en un point donné de la pression incessante qu’exerce la Nature sur la structure natale.
Les transits constituent des challenges pour notre évolution. Si nous restons fidèles à notre « vérité » archétypique (telle qu’elle est révélée par le thème), nous gagnons en force et en conscience. Nous sommes susceptibles de devenir en acte ce que nous sommes en puissance, ce qui est le fondement de l’ « immortalité personnelle ».
« L’astrologie des transits balise pour nous le chemin menant à l’immortalité. »
Les transits d’Uranus, Neptune et Pluton nous défient de devenir plus qu’ humains, les autres transits sont des indications à nous améliorer et à nous magnifier.
Il revient sur l’enchaînement du rôle des transpersonnelles : Ce qu’Uranus met en oeuvre, Neptune le rend substantiel, soit par l’écroulement des remparts saturniens ébranlés par Uranus, soit par la gestation de la semence, transcendante et universelle, libérée par Uranus.
Tandis qu’Uranus agit comme un coup de pouce en avant, Neptune par contre, déploie une action à deux dimensions qui se répand comme de l’huile ; Pluton quant à lui agit de par sa puissance tel un tourbillon, une aspiration ou une explosion.
Il évoque aussi les transits et cycles de Saturne et de Jupiter qui jouent sur notre place et notre positionnement social.
J’en ai retenu deux :
L’un sur le passage de Saturne d’un quadrant à un autre : dans le 1er quadrant, nous rencontrons des occasions favorables à une repolarisation interne, dans le second quadrant : c’est l’occasion d’améliorer ou renouveler nos techniques d’expression ; dans le 3ème : il nous est proposé d’étendre et d’approfondir nos bases opérationnelles ; dans le 4ème : il s’agit d’imprimer son image et sa finalité sur la société.
L’autre sur la conjonction Jupiter-Saturne, qui a lieu tous les 20 ans et qui selon sa place dans le thème désigne l’axe d’orientation de la destinée sociale.
L’Etoile des rois mages serait une conjonction Jupiter-Saturne.
La onzième étape aborde les progressions. Pour lui, elles révèlent les moyens par lesquels les transits et le thème peuvent être intégrés.
Le Soleil progressé est l’entrepreneur(…/…)Son ouvrage est complété par la Lune progressée, dispensatrice de l’énergie spirituelle nécessaire pour affronter le défi existentiel.
Ils ne représentent pas des évènements, mais la potentialité d’adaptation intelligente aux évènements.
La Lune indique le centre vital des préoccupations du sujet, selon la maison et le signe où elle se trouve. Son passage sur les angles du thème est particulièrement important.
Il existe d’autres méthodes de progression, comme les « directions primaires » .
La douzième étape évoque le cas particulier de l’astrologie horaire. Il renvoie à l’ouvrage de Marc Edmund Jones, « Manuel d’astrologie horaire ».
Dans une treizième et dernière étape, Rudhyar présente des thèmes particuliers que sont les synastries et l’astrologie mondiale.
Il rappelle que dans les thèmes de synastrie, la question principale est de savoir quel est l’objet de la relation, et de considérer d’abord la finalité propre à la destinée du consultant, et donc à ce que révèle son propre thème.
Il évoque ensuite les tentatives faites pour renouveler l’astrologie mondiale, comme le fait d’ériger le thème de pays, ou, au niveau des techniques, d’utiliser les cycles d’Uranus, Neptune et Pluton plutôt sur le cycle de la conjonction Jupiter-Saturne et celui des éclipses, comme on faisait dans le passé.
Rudhyar conclut sur la nécessité, pour l’astrologie, de se défaire de ses aspects populaires et commerciaux et d’être capable d’équilibrer et de compléter la pensée scientifique et technologique.
