L'AXE TAUREAU-SCORPION

dans la pièce de théâtre
Harold et Maude







J’ai découvert récemment, à la télévision, la pièce Harold et Maude, dans une intérprétation de Thomas Solivères et Line Renaud .
 

 
Malgré la fin plutôt triste, j’ai ressenti une joie profonde qui n’était peut-être pas sans rapport avec mon propre nœud nord  en Taureau.

Très vite, j’ai associé ces deux personnages aux énergies opposées du Taureau et du Scorpion et de l’axe qui les lie. La lecture du texte de la pièce m’a permis d’approfondir ce qui m’est apparu comme une  incarnation de ces deux signes du zodiaque.
 

Tout naturellement, Maude, une femme âgée de presque 80 ans, symbolise l’énergie taureau dans ses différentes caractéristiques astrologiques : un signe de terre, féminin, maitrisé par Vénus, dans lequel la lune est en exaltation, Saturne en chute et Mars en exil.
 

 

Harold est un jeune homme de 20 ans, qui représente le Scorpion : un signe d’eau, masculin, sous la maitrise de Mars et de Pluton. Vénus y est en exil, la Lune en chute et Saturne en exaltation.
Tout oppose les deux personnages, mais à travers leur rencontre va émerger leur complémentarité.

 


Toutefois, au cours de la pièce, c’est l’évolution d’Harold qu’il va nous être permis d’observer, dans son intégration de l’amour et de la vie grâce à sa relation à Maud, alors qu’elle, qui a un long vécu, a déjà intégré le Scorpion.


Harold et le Scorpion

Nous apprenons dès la première scène, de la bouche même de la mère d’Harold, que celui-ci «  n’a aucun savoir vivre », puisqu’il se suicide, en se pendant, sous les yeux de la nouvelle femme de chambre. L’humour noir de la phrase nous introduit déjà dans le Scorpion, l’énergie dans laquelle baigne Harold. Dès la scène 2, il, il avoue à son psychiatre qu’il a déjà une quinzaine de tentatives de suicide à son actif, et il va les multiplier au cours de la pièce.
Harold est autodestructeur et négatif. La présence de Pluton se manifeste nettement dans sa fascination pour la mort et les choses morbides, l’intérêt pour les enterrements et donc la fréquentation des cimetières, où il rencontre Maude pour la première fois. Il est sombre et est angoissé.
Il possède dans sa chambre un « matériel » inquiétant : des poignards, un squelette et une chaise électrique. Pour se « détendre », il va aux enterrements. En dehors de cela, quand il ne travaille pas à ses projets suicidaires, il va à la décharge publique le jeudi « jour où ils font des cubes de ferraille ».
Harold rejette la vie, il est attiré par la mort et la destruction, et il refuse la légèreté et les plaisirs : il ne chante ni ne danse.
Quand Maude lui propose du champagne, il répond « Je ne bois pas », et quand elle lui demande s’il veut une bouffée de narguilé, il a des hésitations : « Franchement, je ne crois pas que… »

 

Il est prisonnier d’un cadre rigide qui représente l’exaltation de Saturne, mais d’un Saturne vécu en naïf, qui n’est pas construit: la morale et le devoir l’empêchent d’accéder aux plaisirs de la vie.
Quand elle lui propose de fumer , il se juge et dit « Je prends des vices ».
Harold est donc très gêné par la grande liberté de Maude vis-à-vis de la loi et du respect de la propriété.
Lorsque Maude parle d’emprunter un camion pour transporter un arbre, il proteste : « Mais que vont dire les propriétaires ? »
Saturne extérieur est aussi représenté par sa mère qui lui a donné une éducation respectueuse des convenances, traditionnelle et stricte. Elle dit d’ailleurs au psychiatre: « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour lui enseigner les bonnes manières ». Mais elle ne l’écoute pas et ne respecte pas ses besoins, symbolisant la chute de la Lune.
Elle le dit elle-même : « Moi, j’ai de moins en moins de contact avec lui », ce qui signifie aussi que Harold a de moins en moins de contact avec ses propres besoins.
Quand elle remplit le questionnaire pour l’agence Matrimo-flash, afin de lui trouver une épouse, elle commence par lui poser les questions et attendre ses réponses, et peu à peu, elle ne lui demande plus mais répond à la première personne, en fonction de ses propres critères, ne se préoccupant pas de ce qui lui convient.



Maud et le Taureau

Maud incarne Vénus , d’ abord dans son allure, et ses comportements : elle est souriante, gaie et sensuelle, heureuse de vivre.

Elle n’aime pas la tristesse des statues de l’église où elle rencontre Harold pour la première fois et elle le dit au prêtre : «  Il y a plusieurs choses dont j’aimerais vous parler. Par exemple ces statues. Regardez, elles sont sinistres… pas un sourire. C’est idiot. Je vais vous dire : les saints devraient être heureux, vous ne trouvez pas ? Un saint malheureux, c’est inimaginable. » Dans le script du film, écrit par Colin Higgins,  elle va encore plus loin puisqu’elle prend un stylo dans la poche d’Harold et dessine sur le tableau d’une Vierge à l’enfant un sourire brillant et joyeux en concluant « C’est une question d’emphase, accentuer le positif », ce qui correspond tout à fait à l’énergie duTaureau.

Elle fait ce qu’elle aime et ce qui lui plait sans s’occuper du qu’en dira-t-on ni des convenances. Elle aime la vie, elle aime se faire plaisir et cherche à partager ce plaisir. Elle mange des pistaches dans l’église, et quand le prêtre proteste,  elle appelle Dieu à la rescousse : « Ne sommes-nous pas dans la maison de Dieu ? Désire-t-il autre chose que notre bonheur ? »
Elle aime les bonnes choses : elle offre du thé à Harold et lui suggère de le sucrer avec du miel car c’est délicieux (script du film), plus tard, elle lui offre du champagne . Elle offre aussi thé et petits gâteaux, faits maison, à la mère d’Harold venue rencontrer la fiancée de son fils.
 
C’est bien Vénus qui est dans la satisfaction des sens, en dehors de toute référence morale, car ce qui compte, c’est se faire plaisir. Saturne en chute, n’oppose pas de frein à la satisfaction du plaisir.
Devant les inquiétudes d’Harold à tomber dans le vice en fumant le narguilé, elle réplique « Vice, vertu… Mieux vaut glisser. On se priverait de tout. Confucius disait : « Emprunter le bon chemin ne suffit pas. Fais en sorte qu’il soit agréable. » Et quand Harold s’étonne: « Confucius a dit ça ? », Maud réplique : « Comme il était très sage, il l’a sûrement dit. »

Sa conception de la propriété est aussi très libre et ne s’embarrasse pas de règles.

 

 
Elle « emprunte » la brouette du jardinier, part avec la voiture du prêtre  et « emprunte » encore le camion dont elle a besoin pour transporter un arbre.
Aux remarques d’Harold, elle répond  « N’est-ce pas un peu absurde cette notion de propriété ? … Vous êtes ici aujourd’hui, vous n’y serez plus demain. Ne vous attachez à rien. Forte de cette pensée, je me permets de collectionner des tas de choses. »
La toute dernière phrase symbolise bien le côté accapareur du Taureau, mais ce qui précède indique une vision de la notion de possession qui s’affranchit des règles .
 
Vénus, c’est aussi le sens artistique qui apparait chez Maude dans différents domaines : la sculpture, la peinture, la musique : elle joue du piano, chante et danse.
Vénus, c’est encore la sensualité : elle a fait une statue de bois, précisant que c’était sa « période tactile » et invite Harold à la toucher pour l’explorer. Elle a aussi réalisé des créations qu’elle appelle ses « odorifiques », qui sont, dit-elle,  comme « une réaction à l’indifférence avec laquelle l’art traite le nez. Il y a la peinture pour les yeux,  la musique pour les oreilles, la gastronomie pour la langue et rien pour le nez. Alors j’ai voulu réagir. M’offrir une petite orgie d’odeurs. » Au policier qui vient lui signifier son avis d’expulsion, et qui refuse le thé
qu’elle lui offre, elle a cette réaction : «  Comme vous voulez. Mais je ne comprends pas qu’on refuse une sensation inédite ».

Maude incarne aussi l’élément terre du Taureau, avec son goût de la nature, de la terre, des animaux, ainsi que des choses saines.
Elle décide de replanter un arbre qu’elle a « vu ce matin en passant près du commissariat, coïncé dans un pot de ciment, asphyxié par les gaz. Tout seul. »
Elle propose à Harold de l’emmener dans une ferme de fleurs : « C’est un régal. Les fleurs sont tellement amicales…Si réconfortantes. »
Au moment de replanter le petit arbre dans la forêt, elle dit à Harold : « J’aime le contact de la terre. Et son odeur, pas vous ? »
Elle nourrit les oiseaux, enlève un phoque du zoo pour aller le remettre dans la mer…
Elle se fait plaisir avec la nourriture mais mène une vie saine : quand elle dit à Harold qu’elle va avoir 80 ans et qu’il répond qu’elle ne les fait pas, elle a cette explication « Conséquence d’une bonne alimentation, d’un bon exercice et d’une bonne respiration. Tous les matins  on salue l’aurore comme ceci. »
Devant les hésitations d’Harold à boire du champagne ou à fumer le narguilé, elle a cet argument : « Pas de danger, c’est un produit naturel », et elle ajoute pour le narguilé : « un mélange d’herbes ».
 

 
L’axe Taureau-Scorpion : complémentarité et évolution
 
Quand ils se rencontrent, les deux personnages n’en sont pas au même niveau de vécu de leur signe et l’axe va jouer pour entrainer celui qui a le plus de chemin à faire.
 
Maud a vécu longtemps. Elle a fait un long chemin qui lui a permis de vivre le signe à un niveau supérieur et d’intégrer le Scorpion.  Elle a été confrontée dans sa vie à des épreuves correspondant à l’ombre du Taureau puisqu’on découvre, par un tatouage sur son bras, qu’elle a connu les camps de concentration. Elle a rencontré la souffrance et a côtoyé la mort, et elle rend grâce à la vie. Elle accepte la séparation, et le fait de quitter la vie qu’elle aime tant, quand elle sent le temps venu , dans la paix du Taureau, car elle a intégré le processus de mort-renaissance qui est au cœur de l’énergie Scorpion.
Elle a vu mourir une de ses amies en camp de concentration le lundi de Pâques, symbole de la résurrection, qui montre bien qu’elle a dépassé l’attachement et le refus de la mort car elle la voit comme une renaissance.
Elle a intégré la dialectique Taureau-Scorpion : la vie qui nait, grandit, meurt pour fournir l’humus qui permettra le renouveau de la vie.
Elle l’exprime à plusieurs reprises. D’abord à propos de la ferme de fleurs où elle se propose d’emmener Harold : « Elles naissent, poussent, fleurissent, se dessèchent, meurent et se transforment en autre chose. C’est à vous donner des frissons », puis du petit arbre qu’elle replante avec Harold dans la forêt : « Adieu petit arbre. Pousse, verdis et meurs pour nourrir la terre ».
Mais elle le dit aussi pour les humains, dès sa rencontre avec Harold, lors d’un enterrement : « Tout s’ouvre et tout se ferme. La naissance, la mort… La fin est au début, le début à la fin. Un grand cercle qui tourne…. Pourquoi s’arrêter à la mort ? On dirait que personne n’a lu l’histoire jusqu’au bout. »
Et tout à la fin, elle répond à Harold qui la supplie de ne pas mourir : « Nous commençons à mourir dès notre naissance. La mort n’a rien d’étrange, rien de surprenant. Non Harold, je ne pars pas, j’arrive ».
 
 
Harold est jeune, il représente l’énergie Scorpion vécue en naïf, et c’est Maud qui va l’amener à intégrer le Taureau. On suit son évolution à petits pas, au cours de la pièce.
Elle l’initie à la sensualité par le biais de sa sculpture en l’invitant à toucher le bois pour le sentir «  Prenez le temps de toucher le bois . Explorez le longuement. Il vous répondra . » Harold laisse glisser sa main sur le bois arrondi et poli. Il commence à l’apprécier quand Maude entre.
Puis, c’est l’odorat qui est sollicité par les créations olfactives de Maud, et on commence à sentir la réceptivité naissante d’Harold et le plaisir qu’il en tire : il respire profondément et sourit, surpris.
Ses sourires deviennent plus fréquents, indiquant une évolution par rapport à sa morbidité et son pessimisme, et il lui arrive de rire carrément, notamment au souvenir de la promenade sous la pluie à la ferme de fleurs « La pluie était ennivrante. Trempés jusqu’à la moëlle. » Un peu plus loin, dans la même scène, le narguilé faisant son effet, il éclate de rire, à l’évocation de ses suicides.
Quand Maude le fait chanter avec elle, il rit et applaudit à la fin de la chanson: il sait désormais positiver.
 
Il commence aussi à apprécier la terre : au moment de replanter le petit arbre dans la forêt, il remarque: « C’est de la bonne terre ». Un peu plus tard, grimpés dans un arbre, Maude le pousse à écouter ses envies et à se laisser aller, et il fait des cabrioles. 
Puis il reconnait la beauté qui est en elle : « Vous êtes très belle… La plus belle personne que j’ai jamais vue ».

Il exprime sa découverte de la sensualité lorsqu’elle fait brûler des bougies, en disant qu’il en aime l’odeur.

Il s’ouvre à la musique : il a appris à jouer sur le banjo que Maude lui a offert, et c’est lui qui propose à Maude de chanter. A la fin de la scène, il embrasse Maud, franchissant encore une étape dans la manifestation de son amour.



Cet amour, il le reconnait devant sa mère, quand elle lui dit qu’il détruit sa vie, il répond :« Je ne le crois pas », montrant le changement total qui se passe en lui, mais qu’elle ne comprend pas .
Dans la toute dernière scène, il a décoré la pièce pour l’anniversaire de Maude et apporté du champagne. Devant son étonnement, il reprend sa réplique « Pas de danger, c’est un produit naturel ».

Quand enfin il déclare son amour à Maude, elle s’en émerveille et l’encourage à continuer : « « C’est merveilleux, Harold. Aime encore. Et encore. Aime »

Harold a intégré l’énergie d’amour du Taureau .


 



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